Doit-on supprimer l’avoine dans un régime sans gluten ?

On me demande souvent pourquoi dans un régime sans gluten on doit retirer l’avoine ?

Y a-t-il du gluten dans l’avoine ?

Qu’est-ce-que l’avoine sans gluten ?

 

Il y a en fait une grande confusion, car on comprend bien que le seigle, l’orge ou l’épeautre sont concernés car ce sont des produits proches du blé, mais l’avoine ????

 

Qu’est-ce que le gluten

 

Le gluten est composé de deux types de protéines, dont les prolamines, qui ont un nom différent en fonction des céréales.

 

Pour  le blé, l’épeautre ou le kamut, la prolamine, le gluten du blé, s’appelle la gliadine. Le taux de gliadine dans le blé est de 69 %.

Pour l’orge, ce sera l’hordéine, présente à 50 %.

Pour le seigle, cette prolamine est la sécaline, présente à 40 %,

Ces prolamines (qui forment le gluten donc), sont considérées comme toxiques pour les personnes atteintes de la maladie coeliaque.

 

Mais cette protéine contenue dans le gluten est présente dans d’autres céréales comme l’avoine (avénine), mais en petite quantité 16 % . De plus, l’avoine n’a pas subi les transformations du blé.

 

Donc faut-il éviter l’avoine dans les régimes sans gluten ?

 

Pourquoi doit-on éviter de manger du gluten ?

 

Réponse : notre corps ne reconnait pas cette nouvelle protéine.

En effet, pour qu’une protéine soit digérée, encore faut-il que le tube digestif fabrique les enzymes adaptées, c’est-à-dire les produits chimiques qui seront capables de les dissoudre. C’est là que le bât blesse ; notre corps n’a pas ces enzymes programmées.

Nous avons les enzymes pour digérer le blé ancien, l’engrain, mais pas ces nouvelles protéines contenues dans le nouveau blé et ses dérivés.

 

En effet, la teneur en gliadine (gluten), cette protéine du blé, a fortement augmenté dans le blé moderne. Or, elle est très irritante pour l’intestin grêle, qui à force, devient poreux, perméable et laisse passer dans l’organisme des grosses molécules (comme les protéines ou les bactéries) qui ne devraient pas passer mais être évacuées (dans les selles notamment).

Ces molécules qui envahissent l’organisme vont destabiliser le système immunitaire qui ne les reconnait pas, et polluer notre corps qui va développer des symptômes pouvant aller de problèmes digestifs en passant par des problèmes de peau ou d’articulation jusqu’à déclencher des maladies auto-immunes.

 

 

Le problème du blé moderne

 

Le gluten dont on parle aujourd’hui est donc principalement relatif au blé.

On parle de phénomène de mode, et en effet l’industrie surfe sur la vague du sans gluten.

Mais le gluten du blé dans notre corps est un réel obstacle au bon fonctionnement de notre organisme.

Pourtant, le blé en soit ne poserait pas de problème si sa protéine n’avait pas changé depuis le blé ancien.

En effet, le blé que l’on consomme actuellement a subi de nombreuses manipulations génétiques depuis les débuts de l’agriculture il y a 10 à 15 000 ans, notamment pour augmenter la productivité, ainsi que la teneur en gluten afin d’ améliorer la panification chez le boulanger.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, les espèces actuelles de blé comportent 42 chromosomes, tandis que le blé ancestral (aussi appelé engrain sauvage) n’en avait que 14 !

À force d’hybridation et de modifications génétiques, le blé moderne contient désormais des protéines nouvelles que notre organisme n’est pas capable d’assimiler.

 

En effet,  avec la technique du rétrocroisement des années 60 et  la révolution verte  qui avait pour objectif d’ augmenter les rendements, nous sommes passés d’abord à 28 chromosomes (kamut, blé dur) et aujourd’hui à 42 chromosomes (froment, blé tendre, épeautre qui sont donc les pires puisque les plus modifiés).

 

Dans un régime sans gluten, il faut donc éliminer complètement les produits à base de blé dur, de kamut, de froment, de blé tendre, d’épeautre, ainsi que le seigle et l’orge qui sont des dérivés du blé.

 

Mais pourquoi on nous demande de supprimer aussi l’avoine ?

 

 

Intérêt de l’avoine

 

L’avoine est une graine très nutritive avec de nombreux avantages pour la santé.

 

Les régimes sans gluten sont souvent limités en ce qui concerne les choix alimentaires, en particulier avec les céréales et les féculents.

 

L’avoine et les produits tels que la farine d’avoine ou les barres de céréales peuvent ajouter de la diversité dans notre régime alimentaire.

 

Plusieurs études ont également montré que suivre un régime sans gluten se traduit souvent par un apport insuffisant en fibres, vitamines B, acide folique et minéraux tels que le fer, le magnésium, le sélénium, le manganèse et le zinc.

 

L’avoine se trouve être une bonne source de toutes ces vitamines et minéraux. Elle est aussi une source fantastique de fibres.

 

En outre, l’avoine offre des avantages non négligeables pour la santé:

 

Maladies cardiaques : L’avoine peut aider à améliorer les facteurs de risque de maladie cardiaque, comme l’abaissement du «mauvais» cholestérol LDL et l’élévation du «bon» cholestérol HDL.

Perte de poids : L’avoine et la farine d’avoine peuvent aider à la perte de poids en aidant à contrôler l’appétit et à augmenter le seuil de satiété.

Diabète : L’avoine peut aider à améliorer le contrôle du sucre dans le sang (glycémie), les niveaux de lipides sanguins et la sensibilité à l’insuline pour les personnes atteintes de diabète de type 2.

 

 

Alors avoine ou pas dans un régime sans gluten ?

 

 

Comme nous l’avons vu, l’avoine contient peu de prolamines (16 %), c’est une céréale qui a subi peu de mutation depuis des siècles et qui est intéressante d’un point de vu nutritionnel.

 

Alors pourquoi le supprimer de notre alimentation ?

 

Le problème est lié…au blé…

En effet, l’avoine peut être contaminée par du gluten car elle est souvent cultivée en rotation avec le blé ou proche du blé. On assiste donc à une contamination avec des protéines du blé.

 

 

De plus, le même équipement est généralement utilisé pour les récoltes dans les champs voisins, ce qui conduit à une contamination si l’une de ces cultures contient du gluten.

 

Enfin, les produits fabriqués avec de l’avoine sont aussi généralement traités dans les mêmes installations que les produits contenant du blé, de l’orge ou du seigle, et sont préparés et emballés avec le même équipement.

 

La solution : l’avoine sans gluten

 

 

 

On voit de plus en plus de paquets d’avoine sans gluten dans les magasins spécialisés. Au début je me demandais comment enlever le gluten à l’intérieur de l’avoine ???

 

Mais en fait, l’avoine sans gluten :

 

  • contient bien de l’avénine (gluten de l’avoine), mais inférieur à 20 ppm (mg/kg) de gluten, condition sine qua non pour être estampillé « sans gluten » par l’AFDIAG (Association Française des Intolérants au gluten).
  • ET est certifié avoir poussé loin du blé ! Ahhhhhhh !

 

En effet, un certain nombre d’entreprises ont commencé à cultiver et traiter l’avoine dans des champs isolés, et avec un équipement dédié. Dans ces conditions, l’avoine peut alors être commercialisée sans risque : elle ne contiendra pas de gluten, du moins avec des ratios bien inférieurs à 20 ppm de gluten.

 

Donc l’avoine peut être consommé dans un régime sans gluten, même pour les coeliaques, à condition que sa teneur en gluten soit inférieur à 20 ppm.

Autrement dit, en Europe, il faut que le logo de l’AFDIAG (l’épi de blé barré) soit présent sur le paquet.

 

Mais quid du Petit Epeautre ? Cette céréale est la moins chargée en prolamines (7 % contre 69 % pour le blé) et a subi très peu de transformations. Elle est donc bien tolérée par l’organisme…

Mais la culture du petit épeautre est-elle isolée des champs de blé moderne ? Les équipements de récolte et les installations de traitement sont différents ?

 

Et le riz ? Le sarrasin ? Le millet ? Sont-ils cultivés loin des champs de blé eux aussi ?… A suivre…

 

 

 

Conclusion

 

  1. C’est la protéine du blé qui est la plus nocive pour notre organisme, principalement le blé moderne qui a subi des transformations significatives depuis de nombreux siècles.

 

  1. L’avoine est une bonne source de nombreux nutriments que l’on ne retrouve pas en quantités suffisantes dans un régime sans gluten.

 

 

  1. Malheureusement, bien que l’avoine soit bien toléré par l’organisme, il est très souvent contaminé par le blé. Donc il est préférable de s’approvisionner en avoine sans gluten, même si l’avoine classique est bien mieux toléré par notre organisme que le blé.

 

  1. Privilégier le petit épeautre qui est un blé ancien, ayant subi très peu de transformations et dont les teneurs en gluten (prolamines) sont les plus faibles (7 %).

 

  1. Pour ceux qui ne souhaitent pas arrêter le gluten, je préconise toutefois de privilégier les produits à base de blé le moins transformé possible (kamut et éventuellement blé dur), et d’éviter au maximum le blé qui a subi le plus de transformations, c’est-à-dire le froment, le blé tendre et l’épeautre.

 

Dans tous les cas, mangez coloré, varié, cuisinez le plus possible et surtout… « Santez-vous bien ! ».

 

Article écrit par Aurélie Hili pour www.naturophila.com

 

 

 

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